Mode d’emploi : résoudre des problèmes ou obtenir des réponses de la part des services de la Mairie ou de l’Inspection académique

Assoyez-vous à votre écritoire. Prenez votre plus belle plume. Rédigez une missive à l’attention de sa Majesté, du Compte ou de la Comtesse, du Duc ou de la Duchesse. Mettez en copie son secrétaire particulier. Exposez votre situation afin de solliciter une entrevue avec l’Éminence recherchée. Selon que vous soyez courtisan familier ou simple sujet, espérez une audience royale une à deux lunes plus tard. A la faveur du cérémonial propre à chaque tête couronnée, vous aurez la chance d’être reçu-e après le lever, ou après le déjeuner, dans un cabinet sobre au milieu des appartements dévolus à l’intendance et l’administration du domaine de prédilection de sa Grâce majestueuse.
Avant de pénétrer dans cet espace dont la hauteur sous plafond, les baies vitrées ou la vue imprenable vous couperont le souffle, vous devrez naturellement montrer patte blanche et décliner votre identité aux gardes et aux valets, parcourir cours et coursives, escaliers et corridors, et calmer votre légitime impatience dans une antichambre feutrée. Un officier de chambre viendra vous chercher, d’autres s’affaireront à apporter dossiers et carafes d’eau : les Élites aiment recevoir des après-midis entières et morcellent leur charge en faisant se succéder les entrevues. Vous serez donc congédiés promptement pour peu qu’il faille à son Altesse se presser ailleurs.
Parfois, vous aurez l’honneur de recevoir une proposition à solliciter le déplacement sur vos terres d’une Splendeur plus téméraire. Entourée de tout un aréopage de conseillers et de membres de son cabinet, elle s’aventurera à venir déjeuner dans une de nos auberges publiques, à la même table que nos enfants, et vous serez servis par le petit personnel. “ Comme la nourriture dégustée est bonne : elle vient de notre bonne terre fertile locale !” Et vous vous réjouirez ensemble…
Dans l’ironie de cette fable, démasquons les fonctionnements encore tout emprunts de verticalité et sachons demander une autre manière de fonctionner.
Les personnes chargées de mener des politiques publiques, pour l’intérêt général, sont au service des administrés et des usagers, et non l’inverse. Pourraient-elles nous solliciter et venir à notre rencontre, parler avec le personnel et les représentants de parents ? Pourraient-elles supporter que toutes leurs décisions ne soient pas applaudies avec zèle, courbettes et baise-main ? Est-ce que la critique de leurs imperfections pourrait ne pas être confondue avec de l’irrévérence, surtout quand ces imperfections aboutissent à de grandes difficultés dans les écoles, pour les élèves et les personnels ?
Nous implorons.