Compte-rendu d’Audience au Rectorat
(suite au rassemblement de parents et d’enseignants ce mardi 14 février 2023)
étaient présents :
- Monsieur Olivier BOST, adjoint au DASEN
- Madame Monique LÊ, porte-parole Une Ecole, Un Avenir
- Monsieur Florian LIBERAL, porte-parole Une Ecole, Un Avenir
Les “règles du jeu”
En ouverture d’audience, M. Bost a tenu à nous expliquer “les règles du jeu”(sic) déterminant les choix du conseil départemental de l’Education Nationale (CDEN) concernant la carte scolaire. Il a donc présenté plusieurs tableurs contenant… des chiffres.
Un chiffre est particulièrement regardé : le “E sur C” (E/C), qui est donné par le nombre d’élèves divisé par le nombre d’”emplois” (de postes ?). (NDLR : quand on parle de classe, en réalité on ne parle pas de classe physique, mais de poste d’enseignant). Ce taux permet de comparer les écoles entre elles, dans le département et entre départements de l’académie.
Il oppose une “vision microscopique”, qui ne se centrerait que sur Montpellier, à “une vision macroscopique”, prenant en considération l’ensemble de la situation du département.
M. Bost nous rappelle que la région académique de Montpellier perd des élèves, l’Hérault perd des élèves mais pas beaucoup, 600 environ mais que nous avons une dotation de 22 postes. 17 au niveau national (délégués par le Ministère ) mais 5 “rendus” par d’autres départements de l’académie par le jeu d’une “réorganisation académique”.
D’autres éléments entrent en ligne compte sur les fermetures/ouvertures en dehors du E/C et qui sont propres à l’Hérault :
- l’I.P.S. : Indice de Position Sociale
- le nombre d’enfants en situation de handicap
- le nombres d’élèves allophones (= n’ayant pas le français comme langue maternelle) et proximité CADA ( Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile)
- Les faits d’établissements qui est un indicateur nouvellement pris en compte et qui traduit le climat scolaire (faits préoccupants, graves, phénomènes de violence, etc).
- la structure de l’école. M.Bost cite comme exemple les petites écoles à 4 classes.
Ces “règles du jeu” posées, nous lui indiquons notre étonnement, car, parmi les écoles mobilisées et présentes devant le rectorat, se trouvent l’école Goethe (4 classes), mais aussi Pasteur (3 classes et qui, de plus, accueille des enfants réfugiés) qui sont menacées d’une fermeture de classe. Malgré la difficulté que représente cette situation, M. Bost assume pleinement le choix opéré.
Les chiffres traduisent-ils la réalité quotidienne vécue dans les écoles ?
Nous avons alors opposé à la logique théorique et basée sur beaucoup de chiffres, des situations concrètes préoccupantes : Quand il ne reste que deux classes et qu’un enseignant est absent, au vu du manque cruel de professeurs remplaçants, comment répartir les enfants dans la classe ? Parfois, quand on a la chance d’avoir un remplaçant, il n’est dépêché sur place qu’au cours de la journée. Qui gère les enfants en attendant et qui sont les responsables en cas d’accident ?
Monsieur Bost assure que ces établissements seront identifiés comme prioritaires pour obtenir des remplacements en cas d’absence.
La faute à la mairie ? (ou l’argument du ping-pong institutionnel)
Revenant sur les infrastructures des écoles, M.Bost insiste sur une spécificité propre à Montpellier qui se rajoute aux autres contraintes : le foncier. Il pointe une difficulté qui incombe à la mairie, dédouanant l’Education Nationale en termes de gestion des locaux. Faute de disponibilité de foncier, l’Education nationale qui “voudrait ouvrir des classes” (sic) ne le peut pas. Il indique que la mairie de Montpellier assurerait des réorganisations et “malheureusement, souvent aux détriments des familles”(sic).
Les petites municipalités seraient plus volontaires et accepteraient volontiers les Algecos.
Nous revenons sur les particularités de Montpellier et les chiffres prévisionnels qui ne prennent pas en compte les nombreuses arrivées et recentrons sur le rôle du rectorat. M. Bost nous confirme qu’en cas d’arrivées importantes, les fermetures seraient abandonnées mais que les décisions de la ville quant aux placements des nouveaux arrivants leur incombent.
Les problèmes d’infrastructures : le “cas d’école” à Dickens où les classes sont minuscules
A l’école Dickens, l’effectif passerait de 434 élèves à 417. Comme il y a 19 postes, on divise par 19 et on obtient 21,95 “E/C”, soit une moyenne très basse, justifiant donc une fermeture selon les “règles du jeu”.
A cela nous opposons encore des faits concrets : la superficie des classes. Elles sont tellement petites que lorsque les élèves sont répartis en cas d’absence du professeur, ils doivent s’asseoir par terre. Malgré les prévisions de baisse, cela fait plusieurs années consécutives que le directeur est contraint de refuser des inscriptions en raison des normes de sécurité liée à la petite superficie des classes. M. Bost concède que cette réalité de terrain se reproduira cette année encore.
M. Bost y insiste : “L’équité se joue sur les 617 écoles de l’Hérault et non sur la commune de Montpellier et sa métropole”.
Le jeu des fermetures/ouvertures déstabilisent les école et les équipes
Face à cette réalité bornée de chiffres, nous arguons que cela génère des instabilités pénalisantes lorsque les écoles connaissent des fermetures puis une année plus tard une ouverture. L’exemple de l’école Signoret est parlant : suite à une fermeture l’an passé les effectifs sont désormais de 28/29 élèves par classe, 32/34 quand il n’y a pas de remplaçant. L’école surchargée a connu depuis la rentrée 2022 plusieurs “faits d’établissement”. Si nous ajoutons à cela les enfants notifiés, ceux en cours de notification et ceux en cours de détection et de bilan, les difficultés sont accrues. L’école aura donc le droit à une réouverture de classe. Fermeture… Ouverture… Ce sont des désorganisations inutiles et de la surcharge de travail pour tout le monde.
Pour Une École, Un Avenir
Fermer une classe se fait en un claquement de doigt. Ouvrir (ou rouvrir) est plus complexe.
Le non respect des directives données par voie de circulaires : 24 enfants maximum par classe en cycle 1 (GS, CP, CE1), vraiment ?
L’école Ronsard connaît une classe de CE1 à 28, avec des enfants en situation de handicap (5) et l’école Verne, la classe de CP compte 28 élèves également avec des enfants en situation de handicap. M. Bost affirme qu’il s’agit de choix pédagogiques que les équipes elles-mêmes arrivent à argumenter ou de locaux, en lien avec le problème d’accès au foncier de la Mairie.
Nous estimons que le climat scolaire et la qualité de l’enseignement sont directement corrélés au nombre d’enfants par classe. Vu les années que l’on vient de connaître, laisser respirer les écoles, les enfants et les équipes nous semblent primordial et prioritaire.
M.Bost refute cette position fermement et explicitement en donnant pour exemple l’école Bazille où le E/C est d’environ 10. Pourtant le climat scolaire n’est pas “extraordinaire non plus”.
M.Bost insiste sur le fait que ces décisions (fermetures/ouvertures, dotations de postes, etc) se font à l’échelle du département et que même si Montpellier a ses spécificités, selon les projections pour les 3-4 années à venir, il faut nous attendre à une baisse très significative du nombre d’élèves donc à d’autres fermetures.
Nous témoignons de notre préoccupation quant à la confiance qu’accorde les usagers du service public de l’éducation et demandons si des audits sont réalisés pour connaître le taux de départ des familles vers le privé. Nous ne le saurons pas.
Nous terminons cet échange qui aura duré environ 35 minutes, par une demande de nouvel entretien d’ici quelques semaines pour aborder plus en profondeur d’autres problématiques.
Nous indiquons rester extrêmement attentifs et vigilants aux choix qui seront opérés et que nous continuerons de soutenir les parents mobilisés contre les fermetures et les fusions. Car il y a de la colère et de l’épuisement.
Notre analyse
Une Ecole, Un Avenir est tout à fait consciente que la place des parents est laissée comme portion congrue dans les décisions politiques et administratives concernant la carte scolaire. Mais nous ne resteront pas sans réaction : il ne nous semble pas admissible que les conditions d’enseignement se dégradent pour les enfants comme pour les personnels. Les dégâts engendrés à long terme peuvent être considérables tant sur le parcours individuel que sur les causes systémiques qui dégoutent les enseignantes et les enseignants d’exercer un métier aussi essentiel.
Nous serons donc au rendez-vous des mobilisations pour faire entendre la voix des parents à l’extérieur comme à l’intérieur des institutions.