Lettre ouverte des parents de Montpellier
“Nous entendons l’appel à l’aide des agents des écoles”

Huit heures du matin. On lâche une petite main. Un bisou. Un sourire en guise d’accueil. On tente parfois d’engager la conversation devant la porte. Pas facile. On se risque à un “Tout se passe bien ?”. On obtient facilement une réponse sur le comportement de son enfant.
Mais quand on creuse, qu’on se risque à un “Et pour vous ?”, alors là… Il faut le voir le visage qui se ferme, le coup d’œil inquiet jeté derrière l’épaule, le pas de côté, et la sensation de malaise qui commence à planer. On entend des “Je ne peux pas trop vous le dire mais…”, “Vous savez je n’ai pas le droit de parler”, “Ça serait bien que les parents se bougent”, “Sur le nombre d’animateurs présents, je n’ai pas le droit de vous répondre”. Le fameux devoir de réserve, vous savez ? Celui qui vaut pour les services de renseignements et l’armée. Oui,oui.
Les agents ne nous donnent jamais aucune réponse claire sur les conditions d’accueil de nos enfants et l’organisation interne. Le taux d’encadrement ? Rien. Le nombre d’animateurs en possession du BAFA ? Rien. Des enfants en situation de handicap sans AESH ? Rien ! “Vous avez le temps de préparer vos activités ?” Rien. Mais, tout de même, souvent des confidences gênées, des témoignages désolants et parfois des larmes.
Alors hier, quand on a vu fleurir les slogans sur les pancartes des animatrices et animateurs devant la mairie de Montpellier, il n’y a pas eu tant d’étonnement. C’est un fait historique. Que ce personnel jeune, précarisé, peu syndiqué se mette en grève devrait tous nous alerter. Ils l’ont fait un mercredi, alors que nombreux sont celles et ceux qui travaillent dans les écoles la semaine et qui auraient pu débrayer un lundi, laissant dans la panade bien plus de familles. Ils nous parlent comme ils le peuvent à nous les parents. Et nous devons les écouter.
Ils parlent d’1 adulte pour 40 enfants. D’un métier qui s’éloigne de l’animation pour n’être plus que de la surveillance. D’un travail administratif trop lourd. De cadences qui empêchent la préparation et la concertation.
Et à nous, on servira les ambitions de sécurité, de bienveillance, de projet pédagogique, et de temps d’échange ? On nous parlera d’école inclusive, de prévention contre le harcèlement et les violences ?
Les parents veulent que leurs enfants soient accueillis dans les meilleures conditions qui soient. Au regard des promesses faites, il est normal que nous en attendions beaucoup. Que cesse l’omerta ! Alors, nous viendrons soutenir le mouvement de grève de celles et ceux qui nous interpellent et nous attendent à leurs côtés.