Fil d’actu de la mobilisation en cours devant la Mairie
mis à jour le 06/11/2025 à 18H
Pour les jours à venir :-> RASSEMBLEMENT samedi à 14H à la PREFECTURE pour faire-valoir le droit à un logement décent pour toustes
Jeudi 6 novembre
Le déménagement du lieu “insalubre” s’organise. Les familles partent au compte-goutte vers des solutions temporaires plus dignes, proposées par la Mairie. D’ici 8 à 10 jours, au terme des échéances d’accueil de ces nouveaux hôtels, nous espérons que des solutions plus pérennes auront pu être trouvées.
En attendant, il reste très compliqué de pourvoir au ravitaillement alimentaire des familles et nous aurons encore besoin de dons sur la cagnotte, de dons matériels, de dons alimentaires, voire de repas solidaires.
Rapprochez-vous de nous si vous voulez et pouvez aider !
Mercredi 5 novembre
Au réveil, il apparaît évident aux familles sur place qu’elles ne peuvent rester là (une famille a même été hébergée chez une bénévole tant la chambre proposée était inhabitable), même jusqu’au 13 novembre seulement. Le CCAS fait le même constat et au fil de la journée, ses équipes proposent des alternatives aux familles. Cela restera un hébergement en hôtels, disséminés un peu partout selon les lieux de scolarisation et les impératifs des uns et des autres.
Entre aujourd’hui et vendredi, toutes les familles pourront partir du lieu d’hébergement inapproprié.
Entre temps, il faut continuer à organiser les repas et la solidarité. Des dons affluent encore : du matériel de nettoyage, de l’alimentation… Les familles auront encore besoin, alors n’hésitez pas à vous faire connaître si vous souhaitez aider, d’autant que certaines chambres ne donnent pas accès à des coins cuisine, ce qui rend compliquée la prise des repas.
Ce soir, une cinquantaine de personnes s’est réunie pour la conférence de presse sur le parvis.
Les interventions se succèdent pour remercier la Mairie, et souligner pour certaines l’attristement et la colère qu’il ait fallu se battre pendant 8 jours et mobiliser autant d’action citoyenne avant qu’une solution soit trouvée. Mais tout le monde s’accorde sur le fait que, pour l’heure, les familles ne sont plus à la rue, et que c’est ce qui compte.
La conférence de presse est suivie d’un joli moment festif, avec musique, danse, karaoké et partage de choses à grignoter. Rien ne vaut la chaleur humaine !
Mardi 4 novembre
Le rangement du “campement du parvis” s’est organisé tout au long de la matinée et du début d’après-midi. En fin de matinée, la Mairie a prévenu les familles qu’elles seraient en fait hébergées dans un même “hôtel” jusqu’au 13 novembre, en attendant de trouver des solutions alternatives individuelles près des lieux de scolarisation des enfants.
En milieu d’après-midi, grâce à l’aide des bénévoles présent.es sur place, les familles et leurs affaires sont acheminées vers ledit “hôtel”.
Surprise à l’arrivée : l’établissement n’a rien d’un hôtel. Il est en travaux, tout est dans un état de propreté approximatif, avec des plafonds troués, des toilettes bouchées, des portes sans poignées et qui ne ferment pas, des portes absentes, des fenêtres sans fenêtres, et aucun meuble n’est installé : on dirait qu’un camion de déménagement a déversé son chargement au beau milieu de pièces en chantier. Des sommiers et matelas encore emballés sont empilés le long des murs. Ici, des tas de draps. Là, des frigos au milieu des pièces. Autant dire qu’on est loin de ce qu’on pouvait imaginer en entendant “relogement dans un hôtel” : pas de bonne douche chaude avant de se glisser dans des draps bien tendus sentant le propre.
Branle-bas de combat vers 17h : alors qu’on avait libéré les bénévoles, il faut refaire venir du monde sur place pour aider à installer les chambres et c’est un vrai déménagement / nettoyage qui s’organise.
On doit aussi en urgence organiser la préparation d’un repas du soir par des bénévoles, car les familles, qui doivent disposer de plaques de cuisson et d’un frigo* ne pourront pas cuisiner ce soir dans ces conditions. (*en théorie, car il s’avèrera ensuite que ça ne sera pas le cas dans chaque chambre)
Il est tard quand les choses sont à peu près en place pour dormir.
On se rend compte que si l’épuisement permet de lâcher prise pour profiter de cette nuit de répit à l’abri, la solution est loin d’être satisfaisante. Il se pourrait que d’autres changements soient à prévoir avant le 13 novembre finalement. Nous n’en avons pas fini du combat.
On se retrouve quoi qu’il en soit demain, mercredi, à 18H pour discuter de tout cela.
Et à la Préfecture samedi à 14H.
Lundi 3 novembre au soir : GRANDE NOUVELLE !
21H : BREAKING NEWS !!!
Dès demain 14H, les familles seront hébergées par la Mairie dans des hôtels situés au plus près des écoles du plus jeune enfant de chaque famille. Pas plus d’infos pour le moment. Besoin d’aide demain matin pour ranger le camp et organiser les transferts en début d’après-midi. L’annonce en direct en vidéo :
Lundi 3 novembre matin / midi
Entre 100 et 200 personnes selon les sources se sont à nouveau réunies ce midi devant la Préfecture, à l’appel de plusieurs syndicats, collectifs, et d’Une Ecole Un Avenir.
Les prises de parole ont permis de revenir sur une série de fausses affirmations qui s’égrènent dans la presse :
– non, les familles n’ont pas trouvé de solution et ne se sont pas vu proposer de solution pérenne. Une maman et sa fille ont été logées, mais contrairement aux affirmations de la Mairie, il s’agit d’un hébergement temporaire pour 2 mois, renouvelable 1 seule fois, et conditionné au fait que la maman doit appeler le 115 chaque jour pour trouver une alternative. Il s’agit pourtant d’une famille avec nationalité française, victime de violences conjugales, et entrant sous le coup de plusieurs dispositifs. Une autre famille bénéficie temporairement d’un logement parce que l’un des enfants est pris en charge au CHU et qu’il s’agit d’un appartement réservé aux familles qui sont trop loin pour faire les allers-retours. Nous sommes encore loin de ce qu’on peut appeler une situation pérenne.
– non, ni la Préfecture, ni la Mairie, n’a proposé à ce jour de solution satisfaisante à ces familles, chacun se rejetant la balle. Pourtant, plusieurs personnes ont dû être prises en charge par les secours en raison de malaises (diabète, migraines, étourdissements) et souffrent de l’insalubrité et de l’indignité des conditions de vie sur le camp (pas de toilettes, dérangements digestifs et gastriques parfois conséquents…). Aussi, le stade de non assistance à personne vulnérable en danger n’est plus à démontrer, ce qui accroit l’horreur d’une situation déjà inacceptable.
– effectivement, toutes les familles n’acceptent parfois pas les solutions d’1 ou 2 nuits : comme expliqué précédemment, comment traverser la ville pour 1 courte nuit (souvent de 21h/22h à 7, 8 ou 9h du matin) dans des locaux non pourvus de toilettes, alors même que toutes les affaires des familles sont sur le camp ? Parfois, la maman et les enfants acceptent et le papa, s’il y en a un, reste dormir sur le camp pour garder les affaires. De plus, il est très difficile pour le corps de s’adapter aux changements thermiques et il est parfois pire de dormir 1 nuit au chaud et de revenir ensuite à la rue, car cela rend le corps plus vulnérable au froid et à l’humidité. En outre, certaines familles refusent qu’on passe leur temps à leur proposer des solutions précaires, instables : elles veulent de la stabilité et de la pérennité et sont effectivement prêtes à se faire entendre jusqu’à gain de cause en restant sur le camp. On ne peut considérer que des solutions d’une nuit en sont.
– contrairement à ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux, les citoyen.nes qui “ouvrent leur bouche pour manifester” ne font pas qu’ouvrir leurs bouches, ils et elles ouvrent aussi les portes de leurs maisons et salles de bain pour faire bénéficier aux familles d’une douche ou d’une nuit. Solution grâce à laquelle une partie des familles peut dormir parfois au chaud.
– oui, les enfants ont de 4 à 16 ans et sont scolarisés dans les écoles, collèges et lycées montpelliérains. Une majeure partie parle parfaitement français et certain.es ont des papiers français.
Parmi les prises de parole :
– Samuel, Président de l’association Solidarité Partagée (en vidéo ci-dessous)
– Antoine, travailleur social membre de la coordination du travail social contre les coupes budgétaires, qui fait état de la situation catastrophique française et dénonce les choix politiques qui en sont à l’origine
– l’enseignant de l’un des jeunes enfants du campement, qui félicite le courage de ce “petit bonhomme” qu’il décrit comme très doué qui sait très bien lire et écrire, et qui espère le revoir très vite à l’école dans de bonnes conditions pour apprendre
– Fernando, de Solidarité Partagée, qui évoque une autre famille expulsée, en état de choc, qui dort sous un pont depuis 4 jours avec leurs 4 enfants
– plusieurs personnes expulsées, dont des collégiennes, qui rappellent qu’elles et ils ne sont pas des délinquants, que les solutions de quelques jours n’en sont pas
– une responsable de la Ligue des Droits de l’Homme
– Nathalie Oziol, députée LFI, qui rappelle que les enfants seront marqués à vie d’avoir dormi dans la rue en France, en 2025
Encore de nombreux collectifs et syndicats étaient présents pour soutenir les familles.
Lisez ici l’article du Poing !







Dimanche 2 novembre
Pas d’évolution de la situation aujourd’hui, malheureusement.
Les enfants avaient très froid ce matin. Elles et ils mangent de moins en moins au petit-déjeuner.
Cette journée était un peu particulière. Les familles ont parfois opté pour diverses solutions pour se mettre un temps à l’abri. Certaines personnes ont pu se doucher grâce à la générosité de citoyen.nes qui ouvrent généreusement leurs salles de bain. L’un des papas était très heureux ce soir de montrer qu’il était rasé de près. Eprouver un peu de joie tient parfois à peu de chose.
De supers animatrices ont occupé les enfants en les emmenant dans un parc voisin et en leur proposant des jeux qui ont rendu les coeurs plus légers.
Un local associatif a ouvert ses portes pour la journée, afin d’offrir des boissons chaudes et un peu de chaleur aux familles qui le désiraient.
Le soutien des personnes qui passent voir les familles tout au long de la journée, donnent un coup de main, réchauffent par une parole, ou apportent des boissons chaudes ou autres à grignoter donne un peu de baume au coeur.
A 18h, lors du rassemblement quotidien au campement, un vent glacial s’est levé, laissant présager d’une nuit pénible à la veille d’une rentrée scolaire qui s’annonce éprouvante pour les enfants et leurs parents.
L’une des familles a cuisiné ce soir sur le réchaud du “campement” un plat typique de son pays d’origine, et à la lueur de la flamme, les sourires ont ranimé les visages.
La plupart des familles ont pu trouver refuge pour la nuit de ce soir chez des citoyen.nes incroyables de générosité.
Rappelons que ces solutions sont précaires et ne sont pas tenables dans la durée. Si elles offrent un temps un peu de réconfort, elles sont aussi contraignantes pour les familles, qui doivent sans cesse aller d’un lieu à l’autre alors que toutes leurs affaires sont sur le campement. Régulièrement, il faut partir des lieux assez tôt le matin, surtout s’il s’agit de locaux associatifs.
Une maman nous a aussi confié avoir refusé les solutions d’une nuit car le corps s’habitue très difficilement aux changements de température. Il est difficile de s’acclimater une ou deux nuits au chauffage puis de repartir dormir à la rue : le corps met beaucoup de temps à se “réhabituer”. Cela génère de grosses difficultés physiques et mentales, ainsi que beaucoup de fatigue.
Un point très problématique sur le campement est de ne pas accéder aux toilettes. Pendant la journée, les femmes peuvent accéder à des toilettes que la police municipale ouvre uniquement sur demande. Les hommes se débrouillent entre les alentours et les commerces. La nuit, il n’y a aucune solution. Cela pose de gros problèmes, et notamment de transit, d’hygiène, de dignité.
La plupart des lieux qui ont pu accueillir des familles sur un temps très restreint de nuit n’ont pas de toilettes. Installer une cabine de chantier temporaire serait un minimum pour la dignité des familles.
Une partie des enfants ne retournera pas à l’école demain, pour participer à la mobilisation devant la Préfecture. Venez rencontrer les familles, échanger avec elles.
Demain, nous nous rassemblons devant la Préfecture à 12H.
Et, à 18H au campement devant la Mairie.

Samedi 1er novembre
Le réveil dans le froid humide du petit matin est toujours une épreuve. Cependant, les matelas gonflables qui ont pu être achetés avec la cagnotte ont rendu la nuit un peu moins pénible. Et l’arrivée des bénévoles réchauffent les cœurs.
Les familles se préparent à rejoindre la manifestation. Certaines resteront cependant sur place pour garder le campement.
Le rassemblement devant la Préfecture rassemble environ 200 personnes. (lire ici l’article du Poing)
Plusieurs collectifs, partis et syndicats sont sur place (RESF, RUSF, Solidires, Union solidaires 34, FO SNUDDI, La Cimade, Sud Education, FCPE, La Batucada La Battante, PCF34, LFI, NPA + plusieurs élus de la mairie). Pas de présence policière manifeste.
Les prises de parole commencent par une intervention de Samuel, de Solidarités Partagées, qui avait hébergé les familles dans le squat et qui aujourd’hui dort avec elles dans la rue devant la mairie. Debout au milieu d’une petite dizaine de jeunes enfants assis par terre autour de lui et dessinant au sol avec des craies, il dresse un historique puis un état de situation digne, sans concessions, lucide, réaliste, et factuel. Son discours tire les larmes à de nombreuses personnes de l’assistance. Larmes qui continuent de couler lorsque plusieurs membres des familles prennent la parole. Deux ados de 16 et 14 ans demandent à faire valoir leurs droits et ceux de leurs familles. Une femme parlera elle aussi. D’autres témoignages passeront par l’intermédiaire d’autres voix.
L’ensemble des prises de parole appelle à nos devoirs et à notre humanité.
Ce moment intense émotionnellement, engagé et fort, se conclue avec les percussions de la Batucada La Battante.
Nous partirons peu après 13h, laissant sur les grilles de la Préfecture des pancartes qui la rappelle à ses devoirs.
Ce soir encore, la plupart des familles a dormi à la rue. Certaines ont pu trouver un ponctuel refuge pour la nuit chez des particuliers ou dans des locaux associatifs.











Vendredi 31 octobre après-midi & soirée
Ce midi, une femme de 67 ans a fait un malaise et a dû aller aux urgences. Il n’y a pas de doute que les conditions de vie actuelle ont précipité ce malaise, cette femme décrivant une allergie à l’humidité, un stress intense, des difficultés importantes liées aux difficultés d’accès à une alimentation adaptée à ses besoins. La clinique où le 15 l’avait orientée n’a pas voulu la soigner car elle n’avait pas de papier (ce qui, rappelons-le, n’est pas le cas de toutes les personnes du groupe). De quoi faire prendre du plomb dans l’aile aux affirmations haineuses et racistes qui prétendent qu’on soigne tout le monde en France. Elle a heureusement pu être prise en charge ailleurs et a regagné le parvis le soir-même.
En milieu d’après-midi, c’est une autre femme qui fait un malaise. Elle est évacuée par les pompiers avec sa fille. Elle rentrera finalement après 22h.
L’élu M. Calvo rejoint le rassemblement à 18h pour renouveler le refus de la Mairie de proposer une solution de prise en charge des familles. Il invoque la non responsabilité de la mairie en terme de “champs de compétences” : c’est à l’Etat d’assumer son rôle, d’après lui, et si la Mairie intervient, elle enverra le signal à la Préfecture qu’elle peut se défausser de son rôle…. mais personne n’est dupe : le choix est bien politique, car la Mairie peut tout à fait dépasser son champ d’intervention en proposant ne serait-ce qu’un gymnase. L’assistance renouvelle sa proposition : offrez une solution, et battez-vous avec nous pour faire valoir les droits de ces familles auprès de la Préfecture ! L’élu n’entend que la seconde partie de la phrase et assure que la Mairie sera représentée le lendemain matin lors de la Manifestation à la Préfecture.
Il propose une solution temporaire : comme la veille, un local associatif peut accueillir les familles pour 2 nuits de vendredi et samedi.
“Oui, mais… Il se passera quoi dimanche soir ?”, lui demande-t-on.
“Ooohh ! petit pas après petit pas ! on propose une solution pour deux jours, on verra à ce moment là”. Vraiment, nous sommes ingrats. Et jamais contents.
La discussion se déroule cependant sans animosité, les collectifs étant désireux de trouver des solutions pour les familles et faisant tout pour maintenir le dialogue.
Lorsqu’une personne évoque la question des repas, l’élu s’insurge “ah là, il n’y a pas de pb pour manger, les familles n’ont manqué de rien depuis qu’elles sont là, on ne peut pas dire qu’elles ont eu faim !”
Un frisson de dégoût parcourt l’assistance qui s’étrangle de cette audace : les familles mangent grâce aux citoyens qui leur apportent de quoi s’alimenter, pas parce que la mairie a pourvu à leur besoin !
L’élu dit être très actif pour faire bouger la situation : la preuve, la mairie a relogé une des mamans avec sa fille car elle était dans une situation qui permettait de faire remonter son dossier en haut de la pile (des papiers français + une situation de violences conjugales lui permettant de relever de dispositifs spécifiques d’urgence). L’élu l’affirme, on pourra essayer de trouver des solutions au cas par cas, mais il ne faut pas se leurrer, si certaines personnes ont atterri dans ce squat, c’est parce qu’elles étaient arrivées au bout des démarches possibles pour elles, donc ce sont un peu des cas désespérés non ? …
Après l’élu s’embarque dans un plaidoyer sur les actions de la Mairie notamment en faveur de l’accessibilité des transports, et soudainement, on se croirait dans un meeting électoral. Quel est le rapport avec ce qui se passe depuis 4 nuits et en quoi cela résout-il le problème des familles concrètement ? La cinquième nuit s’entame sans qu’on entrevoie le bout du tunnel.
Espérons que la mobilisation de demain nous trouve nombreux devant la préfecture demain.
En ce début de soirée sur le parvis, on a vu aussi :
– une super animatrice qui s’est donnée à fond pour faire faire de supers décos d’halloween aux enfants
– des enfants superbement maquillés et même certains déguisés
– des enfants qui mangent trop de sucreries un soir d’halloween, quelque chose qui ressemble à la normalité, en somme !
– une ado et une maman qui craquent et fondent en larmes parce que c’est vraiment trop dur. Difficile de ne pas pleurer en voyant ça.
– des bénévoles fatigués mais déterminés à aller jusqu’au bout pour aider ces familles
– des enfants qui rient. Et des jeunes enfants qui pleurent. La moindre contrariété déclenche des crises de larmes. La fatigue et le stress n’y sont pas étrangers.
– des familles à qui on demande de quoi elles ont besoin et qui répondent qu’elles n’ont besoin de rien, parce que c’est hors de question de déranger
– un policier municipal qui fait un foot avec les enfants
– un repas partagé
– l’inquiétude pour les personnes qui ont fait des malaises aujourd’hui
– des gens qui se quittent sur des “à demain” bien décidés à ne rien lâcher.
A l’approche du coucher, quelques familles acceptent la solution ultra temporaire de dormir dans le local associatif. Deux adolescentes vont dormir chez une bénévole. Les autres familles restent sur place.
Il faut imaginer l’épreuve que c’est pour un enfant (et même pour un adulte) d’être trimballé de nuit en nuit, de n’avoir aucun endroit stable où se reposer sereinement. Les familles ont aussi leurs affaires : elles ne peuvent pas tout déplacer pour une nuit.
Vendredi 31 octobre matin
Tout le monde se réveille sous le choc de l’intervention policière de la veille.
La peur au ventre, il a été difficile de trouver le sommeil. Certaines familles ont dormi à l’abri grâce à la générosité de citoyens et collectifs. Mais les solutions sont toujours temporaires, précaires, ponctuelles, et n’offrent que de courts répits et rien de pérenne.
Ce matin, une bénévole qui a mis à l’abri des adolescentes la nuit dernière raconte combien il leur a été difficile de s’endormir. L’intervention policière est traumatique. Elles ont peur pour la partie de la famille restée sur place. Se séparer peut signifier ne pas se revoir. Le sentiment de “l’avoir échappée belle” est amer. Pour combien de temps encore faudra-t-il vivre la peur au ventre ? Alors qu’approche la rentrée, ces enfants appréhendent de ne pas pouvoir retourner à l’école. Ou d’y subir la honte.
Ce soir, pour distraire les enfants et leur promettre un semblant de normalité, une soirée Halloween est organisée : un toit ou un sort ! Venez avec vos enfants, venez avec vos déguisements, venez avec vos talents de maquilleurs ou maquilleuses, ou avec vos instruments !
Jeudi 30 octobre soir :
La police entre en scène pour une berceuse cauchemardesque
L’après-midi, grâce à la douche mobile, les enfants ont pu se doucher.
Des enseignant.es ont pris les choses à bras le corps en venant proposer de l’aide aux devoirs, du matériel scolaire, du soutien à ces enfants que certain.es d’entre eux et elles ont en classe.
Des psychologues s’organisent pour intervenir bénévolement afin d’apporter des soins et du soutien.
Un peu de joie pour les enfants et les mamans :
des bénévoles ont décidé de monter un cinéma en plein air. Projection de hôtel Transylvanie. Ambiance Halloween 🎃 !
Le cri du Chœur, célèbre chorale militante, est venue aussi envoûter le parvis. Et ca fait du bien.
Les enfants sont éloignés des considérations adultes absurdes et des propos problématiques des personnalités politiques présentes. Messieurs Calvo et Crépin sont revenus à 18H. Les mains vides. Pourquoi pas un gymnase comme lors de l’accueil des réfugiés ukrainiens ? Réponse : 80% de la population y était favorable, “ceux-là ” c’est pas pareil. Chacun•e jugera.
Faut pas pleurer. Faut pas laisser la colère nous envahir.
Mais plus tard, vers 22h15 quand, pour la première fois, les tentes obtenues grâce à la solidarité sont tout juste montées et que les enfants viennent de s’y glisser pour plus de “confort”, la police nationale débarque dans l’instant pour faire démonter toutes les tentes…
Jusqu’au bout l’indignité. Jusqu’au bout la laideur. Les enfants avaient froid. Ils ont aussi peur.
Jeudi 30 matin
Les tentes n’ont pas été sorties cette nuit. Trop peur que la police les enlève et que les enfants soient secoués. Mais combien de temps cela pourra t-il durer ?
Cette nuit il faudrait venir dormir avec les familles expulsées. Les protéger. Mettre les tentes. Aider à ranger au petit matin. 35 personnes mises sur le côté. Les grilles de la Mairie ne permettent plus de se mettre sous le grand haut-vent. Alors il faut rester devant les ascenseurs.
Témoignage d’une bénévole ce jeudi matin :
“Des matelas de couvertures servent de lits et sous ces épaisseurs se trouvent des enfants. Tous les matins je viens à 7h-7h30 pour le petit déjeuner, nous sommes plusieurs à être là, à distribuer une normalité et des sourires. Les enfants que je retrouve tous les jours me reconnaissent, se collent pour un câlin, c’est beau un enfant qui vous sourit et vous reconnaît. En dedans, je me répète que c’est pas normal, qu’il faut une solution pour tous ces enfants qui dorment dehors. À Montpellier iels étaient 80 il y a un an : quels sont les chiffres en cette fin d’octobre où la trêve hivernale arrive… mais pas pour elleux ? Tous les matins iels replient les couvertures et les mettent à l’abri, loin des regards et pour ne pas déranger, pour se faire tout petit. Tous les matins on leur sert un chocolat chaud, du café pour les adultes, et à manger. On ne connait pas leur histoire ni leur parcours mais ça peut nous arriver à toustes. Ne laissons pas faire, ne détournons pas les yeux et aidons les. Soyons solidaires. Nous appelons à nous réunir tous les jours à 18h sur la place de l’hôtel de ville. Nous appelons également à un rassemblement le samedi 1er novembre à 11h à la préfecture et le lundi 3 novembre à 12h, jour de la rentrée pour les enfants qui me demandent tous les jours si iels pourront aller à l’école lundi, si iels pourront retourner au collège et au lycée.”

Mercredi 29 octobre soir
On se retrouve donc après cette journée infernale où la pluie n’a cessé de tomber. Comme hier, des bénévoles se sont relayé·es auprès des familles pour prendre des nouvelles, jouer avec les enfants, s’organiser pour confectionner des repas.
A 18h, alors que plusieurs dizaines de personnes ont répondu à l’appel à se rassembler, on aperçoit un cercle avec au centre Monsieur Calvo et Monsieur Crépin. Le premier est adjoint au logement. Le second, membre du cabinet du Maire. A proximité, Madame Gimenez, élue à la Métropole. Ils évoquent une solution temporaire : mettre à disposition des familles un local actuellement utilisés par des associations d’aide aux sans abri (AHM). Elles pourraient y rester deux nuits. Il y aura éventuellement la possibilité vague d’avoir des hébergements pour une ou deux familles. Ces propositions ne satisfont pas les familles. Elles ont peur de devoir revenir dormir dehors au bout de deux jours quand les enfants reprendront le chemin de l’école. Elles ne veulent pas non plus choisir qui parmi elles sera sortie de la rue.
Voir le début de l’entretien ici : https://www.instagram.com/reel/DQZrR8bDOqP/?igsh=MW5qbDRqZ2UzYzdzcQ==
Des personnes invectivent l’élu. Personne ne peut comprendre comment la 7e ville de France qui dépense tant pour son tram et le tour de France n’arrive pas à mettre à disposition une salle ou un gymnase. “Ca serait possible pour quelques jours, mais lundi, nous on sait qu’il y a un risque qu’ils ne dégagent pas (SIC)” . Le risque pour M. Calvo est donc que les familles ne partent plus du gymnase et “squatte”. Petit florilège des arguments de l’adjoint : 1° – les réquisitions ce n’est pas pratique juridiquement à cause des indivisions et des histoires de familles / 2° –se fâcher avec la Préfecture, c’est pas une bonne idée étant donné le nombre d’affaires que la Mairie traite avec l’Etat tous les jours, on veut pas de blocage/ 3° – les mairies qui ont attaqué l’Etat ou permis de loger des personnes dans cette situation ont perdu ensuite les élections (coucou Strasbourg ! coucou Grenoble !). Le courage et l’honneur ne sont pas vraiment au rendez-vous mais il y a une volonté de dialogue. Au moins, ce soir, il y a cette délégation qui est venue voir sur place ce qui se passe. Personne n’est jamais heureux quand le malheur s’exprime aussi fort.
Ce qui est concédé :
– il faudrait que la Mairie contacte le Département
– recevoir les familles au chaud, collectivement, pour discuter de manière plus privilégiée plutôt que sur un parvis mouillé en fin de journée lors d’une AG
Voilà. Pour le moment rien de plus. Les tentes se déploieront plus tard dans le nuit.
Les estomacs sont noués. Le moral dans les chaussettes mouillées. 15 enfants dorment dehors. Encore.
Mercredi 29 octobre 2025 matin
Nuit difficile. Les enfants ont eu plus froid avec l’humidité. Dormir à même le sol est très dur pour les organismes. Il faut ranger les affaires. Ne rien perdre. Ne pas tout mélanger…
Il faudra aussi s’occuper pendant cette journée grise.
Un nouveau rassemblement est prévu à 18h sur le parvis. Et finalement, ça serait bien qu’on s’y donne rdv tous les soirs à 18h tant que ce campement durera et que rien de digne ne sera proposé.

Un rassemblement devant la préfecture est prévu pour samedi matin 11h.
La déclaration de manif va être déposée dans la journée. Même si ce jour est un jour férié, symboliquement se rendre devant la préfecture est important. Journée des morts. Journée d’une République moribonde qui ne sait plus protéger les plus vulnérables ? On réfléchira ce soir au déroulé de ce rassemblement : artistes, danseureuses, musicien·nes bienvenu·es
Mardi 28 octobre 2025

Mardi 28 octobre : la Mairie n’y peut rien
Aujourd’hui, mardi 28 octobre, le 115 (qui attribue des places d’hébergement aux personnes sans abri) a refuser de proposé un lieu d’accueil. Une délégation a été reçue par l’adjoint au Maire, Monsieur Calvo, en charge du logement. Mais rien. Ni ouverture de gymnase, ni mise à disposition d’un lieu de répit, pas de mise à l’abri des effets personnels. Aucun membre de la municipalité n’est venu à la rencontre des familles pour s’enquérir de leur état de santé physique et mentale ou pour soutenir.
La municipalité n’était pas informée par la Préfecture de l’expulsion imminente du lieu où était hébergées les familles. Il n’y a donc eu aucune anticipation. Aucune association n’a pu être prévenue. Tout le monde est pris de court. Et la mairie répond depuis hier que “c’est l’Etat qui doit proposer des solutions”. On ne sait pas s’il y a un dialogue entre Mairie et Préfecture, entre Mairie et Département pour trouver des solutions.

Il a fait relativement doux aujourd’hui. Les enfants se sont occupés dehors. Une maman diabétique a fait un malaise ce matin. Un médecin bénévole présent sur place a donné les premiers soins, puis les secours l’ont emmenée aux urgences. Mais impossible pour elle de laisser sa fille qui est scolarisée dans un collège de la ville. Elle a souhaité revenir au plus vite. Toute la journée des collectifs et des personnes sont venues prendre des nouvelles, apporter à manger et discuter.
Cette nuit encore, elles et ils dormiront dehors.
Les associations et organisations syndicales ont appelé à un RASSEMBLEMENT LE SOIR à 18H00 pour les soutenir et réclamer le droit le plus élémentaire : un toit pour dormir !
Une centaine de personnes sont venues : des militant·es syndicaux, associatifs, partisans, de simples citoyen·nes. La sono ne marche pas. Tant pis. On fera sans. On s’éclaire avec le téléphone pour décider ensemble quoi faire pour la suite. Que veulent les familles ?
Tout le monde restera. Il faut des tentes et des matelas. On reste camper. Mais les grilles ferment l’accès sous le haut vent monumental du bâtiment. impossible de s’abriter comme hier. La foule frappe dans les mains de longues minutes pour demander l’ouverture des grilles anti-émeute. Mais en vain. Un autre endroit est avisé pour s’abriter. Demain, il risque de pleuvoir…
Lundi 27 octobre 2025

lundi 27 octobre : première nuit sur le parvis
Depuis lundi 27 octobre au matin, 8 familles – soit plus de 30 personnes dont 15 enfants de 4 à 16 ans – ont été expulsées par les forces de l’ordre d’un lieu qui les accueillait depuis plusieurs mois, grâce à l’association Solidarité partagée, et cela en l’absence de solution d’hébergement que l’Etat leur doit.
Les familles sont parties avec leurs affaires pour camper devant la Mairie.
Elles ont passé la nuit sur place.
De très nombreuses associations sont venues les soutenir et ont relayer l’action en cours.
leur motivation a rester là est d’abord et avant tout une demande d’aide de la municipalité.
Les familles ont peur pour certaines de se rendre devant la préfecture. Le préfet représente l’Etat sur le territoire héraultais. C’est lui qui est prioritairement en charge de l’accueil, de l’hébergement d’urgence. Mais cette compétence et même cette obligation incombent à toutes les collectivités territoriales.
La nuit a été dure. Beaucoup de gens sont venus apporter des vivres et du réconfort.


