Communiqué de presse

Montpellier, mardi 24 juin 2025
Canicule dans les écoles : il est temps d’agir concrètement pour protéger élèves et personnels
Alors que les températures grimpent dangereusement, la situation dans les établissements scolaires devient chaque jour plus préoccupante. La semaine dernière, 38 °C ont été relevés dans une classe de l’école Freud, et ces jours-ci, les thermomètres affichent entre 30 et 36 °C dès le matin dans plusieurs écoles de la ville.
Malgré l’engagement des services municipaux, le bâti scolaire reste insuffisamment adapté aux fortes chaleurs. Si les discours ont évolué — il y a encore quelques années, on nous opposait que la climatisation était “antiécologique” et que les Montpelliérain·es s’installaient dans la ville en toute connaissance de cause — nous saluons désormais l’installation progressive d’équipements de rafraîchissement dans certaines écoles. Dans le meilleur des cas, une salle de repli climatisée permet aux élèves de trouver un peu de répit, mais cette solution reste largement insuffisante : on trouve parfois une seule salle pour 250 élèves.
Nous déplorons également certaines mesures techniques, telles que le verrouillage à distance des systèmes de climatisation à 27 °C, qui s’apparentent davantage à une gestion technocratique qu’à une réponse adaptée aux besoins réels sur le terrain. Cela ne permet ni un réel confort, ni une autonomie d’action pour les personnels.



Par ailleurs, les efforts de végétalisation des cours de récréation et d’aménagements pour créer de l’ombre sont très largement insuffisants face à l’intensité et à la fréquence des épisodes de chaleur. De nombreuses cours restent minérales et surchauffées, ne permettant ni la récréation dans de bonnes conditions, ni un vrai temps de repos à l’extérieur.
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Témoignages de terrain
Direction d’une école maternelle de Montpellier
« Actuellement, toutes les classes sont à plus de 32 °C. Le service Énergie semble avoir la main sur les réglages des climatisations, sans doute même à distance. 24 °C ne serait pas du luxe. J’ai installé moi-même une clim mobile dans la classe la plus exposée, mais cela reste très insuffisant. Une seule salle de repli ne peut pas compenser des bâtiments entiers qui surchauffent. »
Lina, maman de deux enfants en école élémentaire
« Ce ne sont pas des conditions possibles pour bosser ! Mais renvoyer les élèves à la maison ne serait pas une solution. Chez moi, je n’ai pas la climatisation et c’est mal isolé. Partout aujourd’hui il y a de l’air conditionné, mais le seul endroit au monde où ça serait climaticide, ça serait l’école ? C’est ridicule et irrespectueux pour les enfants et les gens qui travaillent. »
Mehdi, papa d’un enfant de CM1 :
“Hier après-midi, il faisait 34°C dans la classe de mon fils. Il y a un élève qui aurait fait un malaise. Dans la classe d’à côté, c’est l’enseignante qui était fatiguée et qui a laissé les enfants dessiner ou lire parce qu’elle ne pouvait pas assurer.”
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Face à cette situation, nous appelons les pouvoirs publics – collectivités locales, Éducation nationale et services de santé – à prendre des mesures concrètes, structurelles et coordonnées pour faire face aux vagues de chaleur à répétition :
- Poursuivre le plan d’aménagement d’urgence des établissements les plus fragiles, avec des solutions de rafraîchissement efficaces et équitables ;
- Mettre à disposition de véritables espaces de repli climatisés, en nombre suffisant et accessibles à tous·tes les élèves ;
- Accélérer la végétalisation et l’ombrage réel des cours d’école, y compris par des dispositifs temporaires dès cet été ;
- Fixer des seuils réglementaires de température (ex. 28 °C en classe) au-delà desquels les conditions d’accueil doivent être adaptées, voire suspendues, en accord avec les familles ;
- Garantir l’autonomie des équipes pédagogiques et éducatives, y compris les ATSEM, AESH et AER, qui doivent pouvoir agir efficacement face aux réalités locales ;
- Promouvoir le signalement systématique des incidents via les fiches RSST, seul moyen aujourd’hui de documenter officiellement les impacts de la chaleur.
Nous tenons à saluer l’ingéniosité et la résilience de l’ensemble des personnels de l’éducation – enseignant·es, ATSEM, AESH, AER, animateur·ices, agent·es techniques – qui redoublent d’efforts pour maintenir les apprentissages et assurer l’accueil malgré des conditions parfois intenables. Nous comprenons aussi les familles qui, par précaution, choisissent de ne pas mettre leur enfant en classe.
À ce jour, aucune réglementation n’impose de conditions minimales pour faire classe. Cela doit évoluer.
L’adaptation de l’école au changement climatique ne peut plus attendre.